Concevoir la nouvelle médina de Taghazout est un événement, un temps fort et doit être forcément une réalisation ‘’Exceptionnelle’’. Cela amène à connaître ses fondements, son histoire et ses implications dans l’avenir.
Au‐delà d’une réponse à un programme et aux interactions entre ses composantes, notre démarche a été présidée par la voie de la signification. Loin des artifices et des cartes postales, nous avons privilégié une approche qualitative porteuse de caractère, d’identité et de ‘’sens’’. Se rapprocher du ‘’vrai’’ fut le leitmotiv de notre réflexion, car nous considérons la médina comme un corps habité d’une vie ; elle n’est pas une somme d’images, ni de façades et encore moins d’archétypes.
Nous avons conçu la nouvelle médina de Taghazout tel un récit urbain où chaque composante doit raconter une histoire et crée du lien. Il n’est pas question de créer ici un cadre de vie déshumanisé, en rupture avec ses valeurs, ses traditions et ses repères. La composition urbaine, à l’image de la ville traditionnelle, est basée sur la réalisation de lieux de rencontres variés, autour de promenade urbaine et de hasard. Notre objectif est de favoriser le lien social caractéristique de nos médinas, la diversité des fonctions (habitat, activités, commerces, places et placettes, etc.) et des typologies.
Le programme et les contraintes climatologiques et sitologiques, sont venus confirmer la nécessité d’une lecture différenciée se traduisant par une composition où les éléments sont organisés le long d’un Axe principal qui traverse la médina de haut en bas. Cet axe est l’élément structurant, la colonne vertébrale sur laquelle viennent se greffer les différentes composantes du projet. Il sera animé par des commerces et offrira une balade dont l’aboutissement est une grande place ouverte sur l’Océan. Une sorte d’inflorescence définies et structurées dont la composition s’apparente à la forme d’un arganier. Cet arbre précieux et sacré qui fait la fierté de la région, nous a inspiré avec sa silhouette caractéristique, son tronc et ses rameaux. Notre axe est ce tronc qui se ramifie en formant des venelles, typiques de la médina, et au bout de ces ramifications on trouve des grappes matérialisées par les unités de vie. La contraction et dilatation du tissu organise le plan de masse en unités de voisinage, tout en libérant des espaces permettant des aménagements paysagers qualifiés. Nous nous intéresserons à l’organisation de ces lieux paysagers dans un chapitre consacré à l’analyse des séquences urbaines. Nous nous sommes attachés à : Assurer la continuité de la médina, qui n’admet pas de rupture en reliant les deux corps ainsi constitués. Par le passage de la voie ; en créant deux passerelles et un franchissement majeur qui assurent ce lien. La voie est ainsi décaissée ce qui nous a permis de réserver en contrebas des airs de stationnement pour les autobus et taxis ; Retrouver l’esprit de la médina en recréant ses ambiances, son atmosphère, les odeurs, les sensations, Les ruelles animées, son souk, ses places, les rencontres, les remparts, les hasards et ses curiosités, etc.
Notre axe de réflexion se décline également autour de la problématique de la gestion des vides et la qualification du statut des lieux urbains découlant de la composition du plan de masse qui aura pour objectif de reproduire le langage de la ville dense : diversité des lieux de rencontre et d’échange par la respiration, contraction du tissu urbain (place urbaine, place confidentielle, promenade, rencontre urbaine) ; la mixité des programmes et des typologies de logement dans une même unité de vie, l’identification du statut entre espaces publics, collectifs et privée et leur transition.