Le rapport au site a guidé la genèse d’un projet enraciné dans ce lieu. Plutôt que d’opérer par rupture en proposant un objet insolite, nous avons privilégié de concevoir un édifice innovant mais ancré dans son contexte historique et géographique ; une écriture architecturale en référence au patrimoine riche de Rabat, sans verser dans le mimétisme.
C’est ainsi que le projet se présente comme un corps uni qui se hisse entre le végétal et en fait un atout, un caractère marquant.
Le règlement urbain limitant la hauteur du projet nous a conduit à privilégier un travail sur l’horizontalité par le biais d’une toiture affirmée dont le rôle ne se limite pas à sa dimension architecturale.
La toiture définit le territoire du musée et lui confère sa monumentalité. Flottant au-dessus de la canopée des arbres, elle lui donne aussi une présence dans la vallée du Bouregreg, parmi tous ces monuments qui la surplombent. Le débord important de la toiture permet de contrôler de manière précise la lumière du soleil offrant la possibilité au musée de s’ouvrir totalement sur le paysage tout en protégeant les espaces d’exposition des rayonnements solaires directs.
Cette protection bénéficie également aux exigences thermiques qu’impose le programme en évitant la surchauffe du bâtiment.
La vaste toiture rend possible un musée ouvert qui offre des espaces intérieurs fluides au lieu d’une succession de salles introverties.
Le musée épouse la topographie du site en créant trois niveaux : L’ensemble des accès logistiques et de stationnements ainsi que les espaces servants du projet sont positionnés au niveau bas de plein pied avec l’avenue Ahmed El Yazidi, libérant ainsi les niveaux supérieurs aux espaces muséaux. Le rez-de-chaussée accueille le hall principal distribuant directement la boutique, les espaces de restauration, la salle d’exposition temporaire et les ateliers pédagogiques ; il communique également avec le foyer de l’auditorium pouvant bénéficier d’un usage indépendant. Il se prolonge vers l’exposition permanente en passant par l’espace terre et Maroc ; point de départ de la muséographie.
Le biome constitue le cœur fédérateur du musée. Nous avons voulu qu’il soit perçu de manière spectaculaire depuis le hall du musée et même depuis l’extérieur. Il met le visiteur en immersion en le conduisant, par le biais d’une rampe circulaire, de l’exposition Sciences de la terre au Rez-de-Chaussée à l’archéologie au rez-de-jardin en passant par l’espace du Cénozoïque positionné à l’entresol.
La communication visuelle entre les différents espaces muséographiques guide le visiteur et lui suggère le sens du circuit.
A partir du Biome le regard se prolonge vers la vallée et assure une relation visuelle étroite entre le musée et son territoire.
L’effacement des limites entre intérieur et extérieur se traduit également par le rapport au jardin d’exposition qui est une continuité du parcours muséal et des activités pédagogiques du musée. Il est également en lien direct avec la salle d’exposition temporaire qui a la possibilité de se prolonger à l’extérieur. Le jardin d’exposition représente la conclusion d’une succession de jardins qui ponctuent le musée (jardin d’Ediacara ; forêt primaire du biome ; jardin andalou) présentant au visiteur une panoplie de paysages allant de la nature vierge à la nature maitrisée et cultivée par l’homme.
Les limites entre l’espace public, le long de l’avenue Tariq Ibn Ziyad et le jardin d’exposition privé, est matérialisé par une enceinte qui prend la forme de rempart en pierre de Shoul en référence à ceux qui structure l’urbanisme de la ville. Ce dernier matérialise un socle au projet en écho à la toiture, le projet est ainsi pris entre un socle et une toiture.
En cohérence avec la mutation qui s’est opérée au niveau des musées lors de ces dernières décennies, les galeries d’exposition ont été conçus comme des espaces modulables aptes à recevoir des configurations multiples dans le futur.
Agence pour l'Aménagement de la Vallée du Bouregreg
Rabat
Concours, 2024